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L'impact de la covid-19 sur le business model des banques de développement de l'IDFC [Tribune] Laila Mikou, Directrice en charge du Développement Durable à CDG Capital

Découvrez la tribune de Laila Mikou sur l'impact de la crise de la covid-19 sur le business model des banques de développement de l'IDFC .

En 2015, les Nations Unies ont mis en place 17 objectifs de développement durable (ODD) pour répondre aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés dont la pauvreté, les inégalités, le climat, la dégradation des écosystèmes, etc.

Pour atteindre les ODDs, de nombreuses études montrent qu'il faut des milliards de dollars chaque année au niveau mondial pour combler le déficit de financement entre les besoins des pays et les ressources disponibles. Les banques publiques de développement  contribuent à l'effort collectif en apportant du financement, mais aussi en transformant leurs business models pour réorienter les flux vers des voies de développement durable. Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent, nous avons souhaité approfondir le sujet en prenant le cas d’institutions de IDFC, club de 26 banques de développement nationales et régionales du monde entier, pour savoir comment elles ont transformé leurs business models pour faire face à la crise à court terme et quelles mesures de relance durables elles pourraient envisager, pour un impact à long terme sur les populations et la planète.

L’étude révèle, via un rapport dédié, que la quinzaine d'institutions du club IDFC sondées ont été en mesure de trouver rapidement des solutions pour faire face aux dommages économiques, sociaux et sanitaires en mobilisant des ressources additionnelles sur le marché des capitaux et auprès de fonds internationaux. À ce titre, nous pouvons citer les covid bonds qui ont été levés massivement au cours du premier semestre 2020 notamment par l’AFD et la CAF.

Nous avons constaté que les membres du club ont été en mesure d'accélérer leur processus d’instruction et de prise de décision avec des réunions du conseil d'administration plus fréquentes et en mode simplifié, ce qui a permis la mise en œuvre rapide de prêts d'urgence et la réaffectation massive de fonds, là où cela était le plus nécessaire. Certains membres se sont appuyés sur des instruments financiers innovants (garanties, titrisation synthétique) pour soutenir les nouveaux prêts et réduire les risques.  A cela s’est ajouté le renforcement du rôle d'activités non financières tels que les activités de recherche et les services de préparation de projets et de renforcement des capacités notamment au secteur privé, ce qui a permis de compléter l’offre financière des membres de IDFC en réponse à la crise. Suite à la crise de la COVID-19, les institutions sondées ont continué à suivre attentivement les risques, notamment les risques de liquidité et de change. Une nouvelle approche de gestion des risques a émergé, l'accent étant mis désormais sur l'intégration des risques ESG et climatiques dans l’instruction des dossiers de crédit. Selon l'enquête, la crise de la COVID-19 a accéléré l'utilisation de la technologie (VPN, robot conseillers, plates-formes de financement participatif, etc.) pour répondre à différents besoins tels le télétravail ou l’accès des services aux bénéficiaires et intermédiaires financiers. Les fintechs ont également été utilisées pour faciliter la mobilisation des ressources, pour assurer des services de conseil à la clientèle et pour optimiser les opérations.

À plus long terme, il existe un risque que la pandémie laisse des traces durables sur les sociétés en raison de la baisse des investissements, d'une érosion du capital humain et de la fragmentation du commerce mondial et des chaines d'approvisionnement.

S'appuyant sur leur rôle clé pendant la crise du COVID-19, les banques publiques de développement de IDFC devraient mettre en place de nouvelles stratégies d'investissement avec des outils pertinents et innovants pour mieux reconstruire. Plus précisément, les secteurs prioritaires seraient ceux liés à la transition énergétique, à la santé et à la reconfiguration des chaines de valeur.

Par ailleurs, les banques publiques de développement devraient envisager d’accélérer la mobilisation du secteur privé, en capitalisant sur les fonds de préparation de projets et les instruments de réduction des risques.  Ainsi, le PPP (Partenariat Public Privé) semble être également un outil prometteur de mobilisation du secteur privé.

Dans ce contexte, les alliances entre les banques publiques de développement sont essentielles. La coopération pourrait avoir des avantages concrets tels que la mise en commun des ressources, le partage des risques et une meilleure exécution, avec une répartition claire des rôles et des responsabilités.

Téléchargez le rapport de l'impact du Covid-19 sur les business models des membres de l'IDFC

Rapport

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